lundi 14 octobre 2019

[Echange au Japon] L'enfer au paradis ?

   Eh oui. encore une fois, je suis partie, et encore une fois, je reviens vous voir avec un post de retour et de blabla...

   Mais, j'ai mes raisons et, au lieu de vous faire un post de retour bateau, disant que je ferai un nouvel article bientôt, je vous propose d'appuyer sur le joli bouton READ MORE que vous voyez juste en-dessous et de découvrir ce que j'ai pu faire depuis bientôt un an.

   Déjà, sachez que je fais cet article avec une thématique bien précise : comment j'ai vécu cette année au Japon. Vous aurez (peut-être un jour, comme d'hab) d'autres articles orientés sur les expériences que j'ai eues là-bas, ou sur mes progrès en japonais. Mais ce n'est pas le sujet ici.

   Pour résumé la chose en quelques mots, je dirais que cette année m'a brisée. Je n'ai jamais été aussi bas de toute ma vie.



   Quand je suis arrivée (et si vous me suivez sur insta (@anais.dsnt), vous devez déjà le savoir), j'étais plutôt heureuse et enthousiaste de passer l'année dans ce beau pays. Nouvel appartement, bourses, copain à moins de 1000km, ... Je pense qu'il est d'hors et déjà clair que tout ne s'est pas passé comme prévu...


1. Premier semestre

   J'ai essayé de me la jouer sociable, cette année. Pour ce que je crois bien être la première fois de toute ma vie, je suis allée vers les gens. PLEIN de gens. Je parlais avec beaucoup de monde et saisissais toutes les occasions possibles et inimaginables pour rencontrer et échanger avec de nouvelles personnes. J'ai participé à plein de trucs, comme du tutorat en français, anglais et espagnol, je suis rentrée dans un club d'Aïkido, et dans un cercle autour de la langue française. Je voyais mon copain environ une fois par mois. Je m'impliquais et m'appliquais dans mes cours à NUFS et dans ma 2e année de Psycho. Je me faisais à manger relativement équilibré, je faisais attention à mon budget, ... Et ça a vraiment merdé en beauté.



   Je n'arrivais plus à étudier. Je trouvais ça hallucinant et horriblement frustrant. Si j'étais chez moi, il m'était clairement impossible de me mettre au travail. Vous comprendrez bien que pour quelqu'un qui a toujours été habituée à être première de classe, ça a donné un sacré coup à ma confiance en moi-même et en mes capacités à réussir. Mais encore, s'il n'y avait que ça...
   Même si j'essayai de me sortir, graduellement, j'ai commencé à passer de plus en plus de temps enfermée chez moi, à regarder Netflix et Youtube. J'y passais des heures.



   J'ai aussi eu pas mal de problèmes de ventre à cette époque. J'avais des maux d'estomac à m'en plier en deux et ne plus pouvoir marcher. Je n'ai toujours pas clairement compris d'où ils venaient.
   Pour ce qui est du japonais, je me débrouillais plutôt bien. J'avais même un sacré bon niveau. Et pourtant, je ne travaillais que grosso modo 4 heures par semaine, hors cours ! Mais côté psycho, toujours plus dur de s'y mettre. 
   Ça a été d'autant plus dur que je ne savais pas quoi faire. J'étais là, avec ce mal-être, cette énorme déception envers moi-même pour être devenue... ça, mais quoi que je fasse, aucun de mes efforts ne parvenaient à changer la situation. J'étais obligée de demander à mon copain de faire des study-skype avec moi pour que je puisse me concentrer proprement.
   Les voyages que je faisais avec lui étaient vraiment bien, et il me permettait de me détendre un peu. On révisait même ensemble parfois !
   Fin décembre, je suis rentrée avec lui en France, pour les fêtes.

2. French break

   Revenir en France s'est avéré être plutôt sympa. Lui faire découvrir la magie de Noël, c'était vraiment incroyable.
   On est restés environ un mois, au cours duquel j'ai pu aller à Paris 8 (l'université qui me permet d'étudier la psycho à distance) à l'occasion d'un regroupement de 3 jours. J'ai eu l'impression d'être remotivée et ça m'a fait beaucoup de bien de pouvoir suivre des pseudo-cours de psycho en présentiel.
   Nous sommes ensuite rentrés à Fukuoka, chez les parents de mon copain, où je suis restée jusque fin Mars. Au cours de ces trois premiers mois de l'année, j'ai ressenti comme un élan de motivation des plus satisfaisants. Moi qui ne lisais plus depuis bien longtemps, j'ai réussi à reprendre la lecture ! J'ai créé un challenge 50 livres en 2019 (que vous pouvez retrouver sur Instagram dans la une "B o o k s") et ai lu 9 livres en l'espace de 90 jours !



   J'avais aussi réussi à terminer d'étudier mes cours de second semestre pour la Psycho.
   "Tout est bien qui finit bien !" me direz-vous.
   Attendez un instant. Je n'ai pas dit que mon histoire était terminée...

3. Deuxième semestre

   Fin mars, je rentre donc à Nagoya. Et là, c'est une catastrophe. Mes profs de japonais ne me plaisent pas vraiment. Je m'ennuyais en cours. Cela m'arrivait même de m'endormir ! J'ai dû trouver des techniques pour ne pas fermer les yeux. J'ai donc repris l'écriture : lorsque le cours était trop inintéressant, pas assez interactif, ou qu'il ne m'apportait rien, je sortais un petit cahier, et je m'avançais dans l'écriture d'un projet que j'ai déjà depuis quelques temps.
   Pour ce qui est des cours, je travaillais encore moins que le semestre précédent.
   La grande majorité (si ce n'est totalité) des amis que je m'étais faits pendant le premier semestre ne m'ont plus jamais vraiment reparlé au second. Ils me saluaient quand je les croisais. Parfois, on parlait un peu, mais rien de plus. Je n'étais plus vraiment avec eux comme avant.
   En parallèle, j'avais de plus en plus de problèmes avec la société japonaise. Son absolue rigueur, ses exigences absurdes, son système scolaire totalement délirant, son élitisme à deux balles... J'y étais confrontée à chaque fois que je sortais de chez moi. Que ce soit à l'université où ailleurs, j'avais l'impression de voir des hypocrites partout. J'ai perçu un manque de sincérité atroce, qui a fait qu'aujourd'hui, je pense qu'on peut dire que je n'ai qu'une seule amie japonaise. Et je ne cite même pas le racisme positif horripilant envers les blancs... Comme c'est un sujet relativement dense, je pense que ça fera le sujet d'un autre article (et pour le coup, je me tiendrai à ma promesse parce que c'est véritablement quelque chose dont j'ai très envie de parler).
   Une chose dont je ne vous avais pas parlé avant, c'est que je faisais beaucoup de crises de larmes. Je me sentais tellement mal, tellement déçue et en colère envers moi-même pour être nulle à ce point... J'avais tellement mal que je n'arrivais pas à m'arrêter de pleurer. La seule chose qui arrivait à me calmer, c'était d'être avec mon copain. Ça peut paraître extrêmement cucul, ou avoir des notes de dépendances affectives, mais toujours est-il qu'il est la seule personne qui ait jamais réussi à briser ma tristesse, la réduire en miette en quelques minutes et me faire retrouver ma joie de vivre (littéralement) pour les quelques prochaines heures. C'est quelque chose que j'ai toujours trouvée impressionnant chez lui.
   Quoi qu'il en soit, comme il n'était pas tout le temps avec moi, ni tout le temps disponible, c'était assez compliqué de gérer ça seule...
   Mes parents m'ont convaincue, lors d'une de mes nouvelles crises de motivation incapable de me faire bouger mes fesses, d'aller au Starbucks, comme c'était dans une ambiance de cafés que j'étudiais le mieux. Ça peut sembler bizarre, mais je suis fille d'hôteliers-restaurateurs, et j'ai toujours été habituée à travailler à la réception, avec une musique en fond, et les fréquentes interruption du téléphone et des clients. Pour tout vous dire, avant- l'âge de 18 ans, je n'avais JAMAIS étudié dans ma chambre. Je n'y arrivais pas.


   Pour revenir au Starbucks, honnêtement, je crois que, bien que ça ait fait un affreux trou dans mon compte en banque, ça a été la meilleure décision que j'ai prise de toute l'année ! Je me sentais tellement bien que j'y allais étudier pour 5 heures d'affilé sans aucun problème ! Mais bien sûr, ça n'est pas venu sans quelques petits problèmes...
   Pourquoi le Starbucks à ce moment ? me demanderez-vous (oui oui, j'adore vous faire parler). Eh bien parce qu'à partir de fin avril, et jusque septembre, je n'ai pas arrêté une seconde. Entre les devoirs à rendre en plus à Lille 3 pour espérer valider ma 2e année de LLCE, ceux de psycho, mes  révisions de psycho pour les partiels de juin, puis ceux de septembre, et les cours à NUFS avec tous les devoirs qui allaient avec (les rapports toutes les semaines, avec presque 40 kanji, des dizaines de mots de vocabulaire, des sakubun, ...). J'étais overbookée et épuisée. Je regardais toujours des séries, mais un peu moins, et j'arrivai un peu plus à compartimenter ma vie (les révisions, partout sauf dans mon pseudo-appart, etc).
   J'aurais pu me sentir mieux. Mais non. Et c'est là que ça a commencé à partir en cacahuète mais... totalement.
   Je ne dormais plus. Je N'ARRIVAIS PLUS à dormir. J'avais beau essayé, ça ne voulait pas. Il m'est arrivé de passer mes nuits (jusqu'à 7-8 heure du matin) à faire des dissertations à rendre pour le lendemain, mais ce n'était pas tous les jours. Et pourtant, je n'arrivais pas à revenir à un rythme normal. J'en suis même arrivée à faire des nuits blanches, sans arriver à me sentir fatiguée et m'endormir le lendemain ! Pourtant, au cours de la journée, j'avais tendance à être fatiguée.
   J'ai beaucoup perdu l'appétit aussi. Je pouvais ne pas manger jusque 23h sans ressentir de manque. Je ne cuisinais plus vraiment. J'avais l'impression que c'était une perte de temps, et j'avais beaucoup de mal à digérer la nourriture japonaise (mon petit système digestif n'est pas trop ami avec toutes les substances chimiques et artificielles qu'il y a partout). Je me suis donc rabattue sur des cochonneries desquelles je savais que je n'allais pas avoir de problèmes pour les assimiler.
  Laissez-moi mettre une petite note là pour préciser que, comme toujours, quand j'étais avec mon copain, la plupart de mes symptômes disparaissait. J'étais toujours très susceptible, à fleur de peau, je pleurais pour un rien, mais j'allais mieux.
   Entre insomnies, manque d'appétit et presque burnout scolaire, j'ai quand même réussi à trouver des personnes géniales qui m'ont permis de me sentir mieux, en particulier deux d'entre elles. L'une venait de la même université que moi, et l'autre était étudiante (vous vous rappelez l'histoire de la seule amie japonaise ?) à NUFS. Elles m'ont beaucoup aidée à me sentir moins seule et à apprécier mes derniers mois, mes dernières semaines au Japon.



   Sur une note un peu plus japonisante enfin je crois, j'ai eu aussi quelques problèmes concernant la barrière de la langue. Oui, bien sûr, j'ai progressé, et j'ai un assez bon niveau de japonais maintenant, mais quelques fois, ça a été compliqué de gérer mon stress et ma frustration quand on sortait avec des amis ou des connaissances de mon copain, que ceux-ci ne parlaient bien évidemment que japonais, et que je n'arrivais pas à comprendre tout ce qu'ils disaient. Pour ce qui était des conversations banales, en général, il n'y avait pas de problèmes. Mais quand ils parlaient de sujets un peu plus techniques, ou d'expériences personnelles dont je n'étais pas au courant, j'avais plus de mal à comprendre et je devais fréquemment demander des explications. En plus d'être fatigant pour moi, ça devait aussi l'être pour mon copain qui devait (et doit toujours ^^') s'embêter à me traduire plein de trucs... Et c'était sans compter cette sorte de 差別 ou je sais pas quoi qui faisait qu'on ne m'adressait pas la parole, qu'on préférait demander à mon copain plutôt que moi directement, ou pire, qu'on me parle dans un japanglais incompréhensible. Ça peut sembler ne pas être grand chose, mais je vous promets qu'après un an passer à subir ça, tout le temps, partout où j'allais, j'en ai clairement eu ras le cul ! 

4. Et maintenant ?

   Eh bien maintenant, je vais mieux. Je vais beaucoup mieux. Cela m'a véritablement soulagée de revenir en France, et de retrouver la mentalité française, de retrouver mon ambiance de travail...
   J'ai passé mes partiels de psycho en septembre. J'ai eu un petit 13.7 de moyenne, mais compte tenu des circonstances, je ne m'estime pas trop déçue des résultats. J'ai arrêté ma licence de japonais, et pour la première fois depuis 2 ans, JE SUIS EN VACANCES ! Et ce jusqu'au 4 novembre. J'en profite pour me reposer, pour lire, faire des formations en psycho, et aussi, pour ne rien faire.



   Voilà mes petits passionnés. C'en est tout de mon petit bilan émotionnel (psychologique ?) sur mon année d'échange au Japon. Avec un peu de chance, j'arriverai à vous pondre de nouveaux articles plus souvent que tous les 6 mois XD

   N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous en pensez, ou si vous êtes déjà passés par ce genre de situation.


A~ 

4 commentaires:

  1. Hé bien, je n'avais absolument pas réalisé à quel point tu avais pu en baver, et en lisant tes mots, j'ai eu beaucoup de peine. Je ne peux pas dire que j'ai déjà connu cette situation, mais comme tu le sais, mon objectif est de partir un an au Japon, comme tu l'a fait. Cependant, a l'heure d'aujourd'hui j'ai beaucoup de doute quant à ce rêve. Je suis dans une période où je ne suis plus sûr de rien, et où mes yeux d'enfants émerveillé par ce beau pays ont laissés place à une peur incessante de partir à l'autre bout du monde, sans réellement connaître le pays du soleil levant.
    Je m'excuse en retard de ne pas avoir réussi à voir ton mal-être a cette époque, j'aurais aimé te motiver et te consoler comme tu l'a fait pour moi bon nombre de fois!
    Quoi qu'il en soit, garde un bon souvenir de cette expérience car elle n'a pas été vaine, tu as pu découvrir une autre toi, une Anaïs très courageuse et particulièrement dévouée au point de réussir ses études malgré un mal-être constant! Perso, je suis fier de toi! Et je suis vraiment heureux que tu aies ce merveilleux garçon à tes côtés pour te soutenir!
    Pour finir, bravo pour cet article superbement bien écrit! J'espère en voir d'autres apparaître un jour, mais d'abord, prends le temps de te reposer, mentalement et physiquement!

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    1. Whaou même dans l'écriture tu es douée ��
      Après tout ce que tu as vécu, je te souhaite le meilleur et beaucoup d'épanouissement pour la suite de tes études (mais pour l'instant profite de tes vacances amplement méritées)
      Des bisous

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    2. Merci beaucoup pour ton message Dany. Tu m'as beaucoup aidée, l'air de rien. Ça me faisait vraiment plaisir de parler avec toi tout au long de cette année. Et c'est pour ainsi dire normal que tu n'aies rien vu. Je n'avais pas vraiment envie de montrer dans quel état pitoyable j'étais ^^'
      Je pense que ton objectif de partir un an au Japon est génial, et sincèrement : tu devrais le faire. De toute manière, tu le regretteras si tu ne le fais pas. Et puis, cet article (et tout ce dont on a déjà parlé) ne sont que m'ont ressenti à moi. Rien ne dit que tu ne reviendra pas de ton expérience avec plein d'amis et de contacts, et en n'ayant qu'une envie : y retourner !
      Je suis en train de finir un nouvel article (j'ai des petits soucis de mise en page, donc il devrait être fini demain mais t'as vu, je progresse en terme de rapidité de publication XD).
      J'espère que ta 3e année va se passer pour le mieux, et qu'on pourra te voir à Ôsaka ;)

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    3. Merci ma petite Claire ! Ton message m'a fait très plaisir. Mais je ne suis pas si douée que ça :p
      Bonne année de L3 à toi aussi !
      Bisous

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